Plus de quatre mètres de haut pour ce sorgho mono-coupe récolté au Gaec Traversier en 2016. « Il avait bénéficié de petits orages réguliers tout l’été ».

10 conseils pour la culture du sorgho mono-coupe

28 avril 2023 - Béatrice COLLEU

En Ardèche, sur ce secteur qui ne donne aucune chance au maïs sans irrigation, Cédric Traversier a appris à cultiver le sorgho. Retour sur plus de 12 ans d’expérience.

« Nous avons fait nos premiers essais en sorgho en 2009 sur les conseils de notre nutritionniste Marc Didienne, », se souvient l’éleveur. En 2008, les fourrages produits sur l’exploitation se composaient uniquement de prairies de ray-grass et dactyle. « L’idée était de varier les fourrages et sécuriser nos stocks fourragers ». Avec du sorgho mono-coupe BMR notamment. Les premières années ont été décevantes, le temps de bien appréhender l’itinéraire cultural. « Cela ne s’improvise pas », précise Cédric Traversier. « Comme il n’était pas question de faire du maïs ici, et que nous sommes limités en possibilité d’irrigation, nous avons persévéré ».

1,10 UFL, même en conditions de sécheresse
Le sorgho a des avantages, explique Cédric. « Comme pour du maïs, les semis sont possibles après une récolte d’herbe ou de méteil. Sur la même parcelle, on peut donc espérer deux récoltes si tout se passe bien. Mais, surtout, quand l’eau vient à manquer, le sorgho sait attendre ». En effet, en l’absence de pluie, le sorgho stoppe sa croissance. La plante repart par à-coups à la moindre petite averse. S’il ne pleut pas assez, les rendements seront pénalisés, mais le fourrage conserve sa digestibilité et sa valeur alimentaire. « Il ne se dessèche pas comme un maïs. Les meilleures années, nous avons ensilé du sorgho de quatre mètres de haut. Près de 10 ou 12 tonnes de matière sèche. Ces dernières années, en conditions de sécheresse, il faisait 80 cm, mais toujours autour de 1,10 UFL ».

Voici les conseils et observations de Cédric Traversier pour la réussite d’un sorgho mono-coupe. La culture est assez technique :


1-    semer sur sols réchauffés. Viser 2 ou 3°C de plus que pour un maïs. Idéalement, un sol à 12 °C minimum. Attendre le 10 mai, voire plus tard, pour sécuriser la germination. Selon les conditions météo, il est possible de décaler le semis jusque fin juin. Il y aura alors un petit impact sur le rendement.
2-    réaliser une préparation du sol très fine. Préparer, rouler, re-préparer minutieusement.
3-    semer après la pluie, jamais juste avant, pour éviter la formation d’une croûte de battance qui empêchera la graine de lever. Si de l’orage est annoncé, attendre... S’il pleut après semis, intervenir avec une herse étrille. Si malgré tout la graine ne perce pas... ressemer.
4-    utiliser un semoir mono-graine. Cela favorise une germination régulière. Si les conditions le permettent, réaliser un faux semis au préalable. Semis à 3-4 cm. Pour un bon ancrage et bénéficier de la fraicheur du sol. Ni plus, ni moins.
5-    viser 8 à 12 pieds au mètre linéaire, pas plus pour éviter que la plante soit trop fine, pousse trop haut et verse. Avec un inter-rang à 50 cm, cela correspond environ à 220 000 grains /ha.
6-    désherber (anti-graminées et anti-cotylédons, et ambroisie selon le secteur) au stade 3-4 feuilles, le matin avant 8 h pour éviter l’évaporation du produit, par une journée sans vent.
7-    effectuer un binage, quand la plante fait 20 cm, si le salissement est important. Attendre la limite de passage du tracteur si la parcelle n’est pas trop sale.
8-    viser 20 à 25 % de MS à la récolte. En première quinzaine d’octobre. Plus on attend, plus le rendement et la matière sèche augmentent. L’objectif est de récolter avant de grosses pluies ou de la verse. Il faut aussi considérer la sensibilité du sorgho au gel.
9-    ensiler au bec Kemper. Mais démonter l’éclateur à grain. On cherche à couper le plus gros possible. Idéalement un couteau sur deux suffirait. L’objectif est de conserver les jus, au risque sinon de perdre de la valeur alimentaire.
10-    au silo, juste étaler sans tasser, toujours pour ne pas perdre de jus. Pas besoin de conservateur.

PLM  - Formules d'abonnement

AU CŒUR DES ÉLEVAGES LAITIERS ​​​​​​​

  • La richesse des grands reportages immersifs en élevage
  • L'exclusivité d'un réseau mondial d'éleveurs et d'experts
  • Des astuces et solutions concrètes pour chaque exploitation

Profitez d'une offre découverte 3 mois