Un litre sur deux en mozarella
Cependant l’activité restauration collective a perdu 17 % de son chiffre d’affaires alors que ce secteur affiche une chute de 30 % au niveau national. Cette relative résistance tient à la production par Agrial de la mozarella, fromage utilisé pour les pizzas, et qui représente la transformation de la moitié de la collecte d’Agrial. Pourtant, le groupe a perdu son usine de Luçon (Vendée) lors d’un incendie le 18 février, à la veille de l’instauration du premier confinement. « Nous avons dû vendre une partie de notre collecte laitière au spot », explique Ludovic Spiers. Cet incendie a rajouté à la complexité de l’année 2020.
Une nouvelle usine en 2022
Dès le mois de mai, le groupe décidait de la reconstruire et de porter sa capacité de transformation à 200 millions de litres. La production de mozarella sera alors de 24 000 tonnes au lieu de 16 000 t avant l’incendie. « Elle devrait être opérationnelle début 2022 », annonce le président d’Agrial, Arnaud Degoulet. « C’est l’usine la plus au sud de notre territoire, mais le potentiel laitier de la région répond aux besoins d’approvisionnement de la future usine. Nous n’aurons pas à déplacer beaucoup de lait ». Cet investissement s’inscrit sur le long terme, pour « l’un des seuls marchés à progresser de 2 à 3 % par an à l’échelle mondiale. Tous les continents consomment des pizzas, une consommation qui débute aussi sur le continent africain ». Certes, les capacités de production de mozarella progressent dans divers pays, mais pour l’instant, « cette évolution correspond à l’évolution de la demande », se montre confiant Ludovic Spiers.
Des investissements pour le lait
Parmi les mesures prises en 2020 en pleine pandémie, le groupe Agrial a fortement réduit des charges fixes et modérer ses investissements. « Nous avons réduit le budget de 60 millions € pour ramener l’enveloppe à 290 millions € sur 2020 et 2021 », précise Ludovic Spiers, directeur général. Ainsi, la branche lait bénéficiera de plus de 100 millions € d’investissements en 2021, consacrés entre autres à la tour de séchage d’Herbignac et à la valorisation du sérum fromager pour l’extraction de protéines, d’acides aminés…
La force des marques
« Cette pandémie a mise en exergue tout le bénéfice que le groupe Agrial avait de disposer de marques nationales fortes », se félicite Ludovic Spiers. Ainsi la marque Grand Fermage a bien tenu le cap, marque qui dispose d’une nouvelle identité qui met en avant les engagements des adhérents d’Agrial pour la biodiversité et la préservation de l’environnement. « Les marques pèsent pour le tiers du chiffre d’affaires du groupe ». Au global, ce dernier perd « seulement » 2 % à 5,957 milliards €, s’inscrivant dans la moyenne des entreprises agro-alimentaires européennes. La branche lait affiche un CA de 2,4 milliards € en recul de 4 % pour 3 200 producteurs de lait de vache classique, 320 de lait bio et 600 adhérents en lait de chèvre.
Le bio en surchauffe
Concernant le lait bio, « il y a eu de très nombreuses conversions au niveau national, mais le marché français se calme et se retrouve avec beaucoup de lait bio. Espérons que le marché reparte en 2021. Pour l’instant, nous maintenons les conversions en cours, mais nous n’en initions plus de nouvelles », précise Ludovic Spiers.
Pour les autres branches, La branche agricole progresse de 3,65 %, celle de la viande (volailles et porcs) gagne 1,8 %, celle de la boisson est stable et celle des légumes recule de 5 %. Le bilan final autorise le groupe a redistribué 20 millions € à ses 12 000 adhérents. 1,7 million sont dédiés à l’installation des jeunes, environ 1 500 dossiers en cours. La redistribution représente en moyenne 5 € les 1 000 litres pour les producteurs laitiers (rémunération du capital, ristourne aliments…) pour un prix moyen payé de 350,88 €/1000 l selon la grille Cilouest ou 354,22 € pour la grille Cirlait.
La pandémie a fragilisé des entreprises, ce qui n’échappe pas aux dirigeants du groupe Agrial. « Nous étudions certains dossiers en particulier dans le secteur laitier, qui est une priorité pour nous ».