Le Gaec de L’Eteillais a un atout : un parcellaire regroupé, même si une vingtaine d’hectares se trouvent de l’autre côté de la quatre-voies Rennes-Nantes, à proximité du bourg d’Héric, en Loire-Atlantique. Les terres humides de la zone sont plus propices à l’élevage qu’aux cultures de vente. L’exploitation a fait le choix d’un système herbager en lien avec le potentiel des sols : la surface accessible pour le pâturage se situe autour d’un hectare par vache. L’objectif est de valoriser au mieux le pâturage de mars à novembre, d’une part. Et d’autre part, d’avoir une ration avec la moitié en herbe sur les périodes de rations stocks pour limiter la dépendance à la protéine.
Au printemps, « les vaches étaient chahutées par la grande variabilité de la qualité de l’herbe », se rappelle Freddy Lefort, installé depuis janvier 2007 avec sa mère Claudine. « De plus, je n’étais pas assez présent pour suivre le troupeau, ce qui engendrait des variations importantes sur les résultats » : infertilité, difficultés au vêlage, démarrages en lactation difficiles … et une production à 6 200 litres de lait pour 75 vaches présentes. « Je ne cours pas après la productivité, mais il était évident que les vaches pouvaient faire mieux ».
Pénalités sur le taux cellulaire
En parallèle, le Gaec de l’Eteillais est régulièrement pénalisé pour les taux cellulaires, et perd en moyenne 7 € aux 1 000 litres depuis plusieurs années. L’enjeu était alors de récupérer ces 4 500 € de manque à gagner pour une référence de 652 000 litres de lait, « que je ne produis pas encore totalement ». En 2019, Freddy Lefort participe à une réunion où est présenté GenoCellules. Il décide, avec Patrick Litou, consultant Projets & Stratégie de Seenovia (groupe Seenergi), de s’investir dans cette démarche. Avec un seul prélèvement dans le tank à lail, GenoCellules donne les résultats cellulaires de chaque vache, grâce à la reconnaissance ADN de chacune d’entre elles. « La première étape consiste donc à déchiffrer l’ADN de chaque vache en production et de chaque génisse prête à être introduite. On a ainsi leur carte génomique, en quelque sorte leur carte d’identité génétique », commente Patrick Litou. En routine, on prélève du cartilage auriculaire sur les génisses de l’année pour connaitre leur ADN. « C’est une condition essentielle pour identifier par la suite l’origine des cellules dans le tank à lait », précise Patrick Litou.
Ensuite, il suffit de prélever régulièrement du lait dans le tank pour que le laboratoire identifie les vaches à l’origine d’un niveau élevé de cellules. Freddy Lefort a choisi le forfait de 12 prélèvements par an, qu’il réalise en fonction des périodes, par exemple un épisode pluvieux où les risques de contamination mammaire sont plus élevés.
Ce « tracing » resserré sert à mieux gérer le suivi cellules des vaches. En parallèle, Freddy Lefort a renforcé ses pratiques avec la désinfection des manchons au peroxyde après chaque traite, le suivi de l’hygiène des logettes. Au final, « j’ai stoppé les pénalités cellules, soit un gain de 4 500 € et je ne réforme plus par anticipation des vaches pour des problèmes de qualité du lait ».
Analyse du patrimoine génétique
Au-delà des taux cellulaires, GenoCellules offre de nouvelles opportunités. Ainsi, Freddy Lefort a perfectionné sa stratégie de renouvellement. En effet, lors du prélèvement de cartilage des animaux, on obtient la lecture ADN, mais également le génotypage pour chaque vache et génisse ce qui permet également de mieux travailler sur la voie femelle de son troupeau. « Je ne suis pas un passionné de génétique, mais avec cet outil je gère plus finement la sélection des vaches qui m’intéressent et je choisis les taureaux qui leur conviennent le mieux ». Il s’avère que l’index laitier des vaches allait de 460 à – 1007, malgré un ISU de 131 à 158. « Les index fonctionnels compensaient la faiblesse des index laitiers. Maintenant, je vais pouvoir faire progresser plus sélectivement le potentiel des vaches qui m’intéressent ».