Une bonne idée est « la règle des 5 Q » présentée en conférence, par le Dr René Fournier*, chez MSD Santé Animale. On connaissait déjà « la règle des 3 Q » ; mais elle n’insistait pas suffisamment sur l’hygiène, dont le défaut entraîne bien des travers quand la charge en bactéries augmente très vite dans le colostrum. Ces recommandations vont dans le sens de celles déjà exprimées dans PLM par le nutritionniste franco-américain Franck Gaudin. Voici donc la règle des 5 Q, avec, pour commencer, le Q de « sQueaky clean » qui signifie « blanc comme neige, ou vraiment propre » en anglais.
Q pour hygiène irréprochable (squeaky clean)
« Des études montrent que le colostrum et les premiers laits dépassent les normes d’hygiène dans au moins trois quarts des cas » ; certains apparaissent propres pour autant. Autrement dit : 75 % des colostrum sont trop chargés en pathogènes source de diarrhées, et même dangereux pour certains. Les seuils par millilitre sont fixés à 100 000 germes totaux et 10 000 E. coli maxi, tout en sachant que les bactéries se multiplient très très vite à température ambiante. Il faut donc insister sur l’ hygiène renforcée des trayons, des mains, de la collecte, puis de la distribution avec du matériel propre et régulièrement désinfecté. Puis, chaque minute compte. « En cas de doute, la pasteurisation du colostrum peut être envisagée, suggère René Fournier : 30 minutes à 63 °C ».
Q comme Qualité
L’utilisation du réfractomètre s’est démocratisée, pour vérifier la teneur de chaque colostrum en immunoglobulines (IgG), celle-ci corrélée avec sa valeur Brix. René Fournier conseille une valeur d’au moins 23 °Bx (au lieu de 22), pour tenir compte de la marge d’imprécision. Bon colostrum à partir de 23. Excellent à partir de 28 ; à retenir celui-ci pour une banque de colostrum.
Q comme Quantité
C’est mathématique. Comme il est difficile d’administrer plus de 4 litres à la première buvée, c’est un colostrum dosant au moins 50 g/L d’IgG qu’il faut donner, pour assurer les 200 g d’IgG dont le veau a besoin au plus vite. « S’il n’est pas jugé capable de boire quatre litres, cette quantité pourra être administrée à la sonde ».
Q pour délai (Quickness en anglais)
En laitier, la première administration de colostrum (4 L) doit se faire idéalement dans les deux heures qui suivent le vêlage et, dans tous les cas, dans les six premières heures de vie... C’est une course contre la montre, pour qu’un maximum d’anticorps (= immunoglobulines) passe dans le sang du veau, afin de lui assurer une protection globale. On le sait, la perméabilité des cellules intestinales se réduit très rapidement. De plus, il ne faut pas perdre de temps, entre le vêlage et la collecte de la mère, car une traite tardive après vêlage est associée à une baisse de la qualité du colostrum en immunoglobulines.
Q pour Quantification du transfert de l’immunité passive de la mère au veau
« Le transfert des anticorps dans la circulation générale du veau doit être contrôlé et mesuré ». Demandez conseil à votre vétérinaire. Des prises de sang sont nécessaires pour faire le test. 20 % des veaux, âgés entre deux et cinq jours, devront être prélevés. Ainsi, pour une bonne prévention des maladies néo-natales, il est recommandé d’avoir « au moins 8 5 % des sérums sanguins (au moins 85 % des veaux) avec une valeur Brix supérieure à 8,3 ». Le Dr René Fournier explique que cela correspond à un minimum de 15 g d’IgG par litre de sang du veau (ou encore, un minimum de 55 g de protéines sériques par litre de sang) ; seuil corrélé à une baisse de la mortalité.
MJ
*Le Dr René Fournier (en photo) est responsable filière lait, MSD Santé Animale.