On ne peut pas écarter à 100 % le risque de perturbations dans la collecte, explique Alain Le Boulanger, délégué ouest de la Fédération Nationale des Industries Laitières. Cependant, tout est mis en œuvre pour que cela n'arrive pas.
Depuis 15 jours, des mesures ont été prises pour limiter tous les déplacements extérieur non indispensables des salariés des entreprises laitières. Et les chauffeurs laitiers ont des consignes pour limiter tous les contacts au moment du pompage dans les élevages et lors du dépotage en usine. Dans l’industrie agro-alimentaire, la notion de risque est bien connue et anticipée au quotidien.
Depuis la semaine dernière, les mesures sont renforcées. Tout est mis en œuvre pour que la capacité de collecte et de transformation soit assurée. Il peut y avoir des soucis ponctuellement. Ainsi, certaines structures ont été touchées de plein fouet par l’arrêt brutal des commandes en restauration collective, en lien avec la fermeture des écoles notamment. Mais la solidarité a joué. Les entreprises concernées, qui n’avaient plus de débouchés, ont pu reprendre la collecte pour d’autres transformateurs.
Pas de problème de personnel pour l’instant
Dans les unités de transformation du grand ouest, aucun problème de personnel n’est à déplorer pour l’instant. Pour anticiper ce risque, les possibilités d’extensions des plages horaires à l’usine ou en collecte sont à l’étude avec les pouvoirs publics. L’idée étant que s’il manque un chauffeur par exemple, d’autres pourraient faire une heure ou deux de plus sur certaines tournées. Nous sommes en attente d’autorisations provisoires, à titre exceptionnel.
Nous avons également demandé à ce que les salariés de ses entreprises soient prioritaires pour la garde de leurs enfants. Et les unités de transformation se préparent à tourner à effectifs réduits si nécessaire. Ce ne sera pas facile partout. Certaines transformations nécessitent plus de main d’œuvre. Localement, il pourrait y avoir de petits soucis.
Mauvaise coïncidence avec le pic de collecte
Avoir des soucis ponctuellement, ça arrive au sein de la filière. La solidarité entre les collecteurs joue déjà toute l'année pour cela. Il arrive qu’une unité soit en panne et ne soit plus en capacité de supporter les volumes. Ce qu’il y a d’embêtant aujourd’hui avec le covid 19, c’est qu’il fragilise les unités de transformation en période de montée de collecte.
Tous les ans à cette époque, les volumes à collecter augmentent en lien avec la mise à l'herbe. Les capacités à transformer sont déjà très sollicitées. L’encombrement logistique que subissent les marchés est un problème supplémentaire. Il faut bien comprendre qu’un litre sur deux produit en France est valorisé à l'étranger, Europe incluse.
Atténuer la collecte pour limiter les risques
Freiner la collecte des prochains mois serait nécessaire pour éviter d’encombrer les marchés. Plusieurs leviers sont à l’étude :
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Des mesures incitatives.
Elles seraient sans doute les mes moins coûteuses et les plus efficaces pour freiner la collecte ces prochains mois. Réduire la collecte de quelques pourcents serait suffisant. Il faut trouver le mécanisme pour que les éleveurs ne soient pas perdants. Car s’il y a encombrement du marché, cela pèsera plus longuement sur la filière.
La mise en place de telles mesures nécessite l’aval de la France, de l’Europe. Ce sera malheureusement sans doute assez long à mettre en place.
- Lisser la production et écrêter le pic de production du printemps . C’est une réflexion qui est engagée avec les organisations de producteurs. L'idée est de garantir aux éleveurs la possibilité de rattraper la production à l’automne. Toutes les formules de paiement des éleveurs intègrent une composante industrielle. Il y a sans doute un pilotage possible de ce côté, dans une logique de gestion des volumes. Les réflexions sont engagées à tous les niveaux.