Plus jamais de pneus à l’Earl le petit Ramard...et depuis, pas de corps étrangers retrouvés dans la ration. « L’investissement en boudins est vite rentabilisé si on sauve une vache ! »

Earl Le petit Ramard. 45 cm d’inter-rang pour les maïs

2 janvier 2022 - Béatrice COLLEU

A l’Earl Le petit Ramard, Quentin Vellut cultive une dizaine d’hectares de maïs pour l’ensilage, à l’échelle de son troupeau de 36 vaches. « Je sème après les ensilages d’herbe, avec un inter-rang de 45 cm ».

Après l’ensilage d’herbe, l’éleveur fertilise avec 35 tonnes de compost, laboure, roule le labour et passe la herse rotative juste avant que l’entreprise ne vienne semer. En 2021, les semis de maïs ont été réalisé le 5 mai.

Inter-rang de 45 cm
Depuis quelques années, les rangs sont resserrés. C’est la particularité ici. Quentin Vellut y voit plusieurs avantages. « La couverture du sol est plus rapide. Cela limite vraiment le salissement ». S’il y a encore un désherbage au semi, l’éleveur n’a plus besoin de biner ses rangs de maïs. « J’effectue quand même un rattrapage contre la renouée et le liseron ».
Autre intérêt, « il y a moins de concurrence sur le rang, les pieds étant un peu plus espacés, à 22,5 cm. A densité équivalente, on peut espérer 15 % de rendement en plus et des poupées plus grosses », ce qui participe à l’objectif recherché par Quentin : 35 % d’amidon à la récolte.

En 2021, l’éleveur a semé à 92 000 grains/ha. « Je vais sans doute tester à 86 000 grains/ha en 2022 ». L’éleveur mise sur des variétés à 450-480 d’indice FAO. « Les variétés plus précoces sont trop pénalisées en rendement ici. » En 2021, il en a testé trois : Infinit chez Syngenta et deux variétés Pioneer : P349 et P 9978. Difficile de se faire un avis cette année, avec les conditions climatiques particulières. « Je teste 2-3 variétés tous les ans, pour retrouver une variété régulière avec du rendement et de l’amidon. Pendant 3-4 ans nous avions une variété qui réussissait super bien chez nous (Festal chez Syngenta) : elle n’est plus commercialisée. Avec elle, on faisait 18 tonnes de MS et 35 % d’amidon ».
En 2021, les maïs ont souffert du froid et de la pluie. « Ce n’est pas une année de référence. Habituellement nous devons faire 8 tours d’irrigation à raison de 35 mm dans les terres sableuses et 8 à 10 tours de 25-30 mm dans les limons. Cette année, 6 passages de 35 mm ont suffi dans les sables, 4 passages de 20- 30 mm sans les limons ». Pour autant le compte n’y est pas, constate l’éleveur qui a observé que les maïs faisaient 40 cm de moins qu’à l’habitude. Il faudra aussi évaluer l’amidon. « Les poupées ne me semblaient pas très remplies. Le froid n’a pas aidé. Il y a un peu de doubles épis. On verra si ça compense ».

Ouverture du silo en Janvier
Le silo de maïs n’est pas ouvert à l’Earl Le petit Ramard. « J’ai ensilé le 15 septembre. L’ouverture du silo se fera vers la mi-janvier. Il me reste du stock de la récolte 2020. Le silo est toujours fermé 90 à 100 jours ». Cette année ce sera près de quatre mois. Il y aura une transition d’une semaine, en introduisant ¼ de nouveau maïs chaque jour. Les analyses seront réalisées à l’ouverture, pour caler la ration. « Pour caler l’ingestion, j’ai 36 pilotes : les vaches. Il faudra attendre trois semaines pour voir ce que ça donne vraiment ». Pour plus de précision, il y a les analyses en acides gras du lait. C’est Patrice Dubois de Rhône Conseil qui suit l’élevage. « A chaque contrôle, il m’envoie un rapport avec les vaches à risque ».

Des grains pulvérisés
C’est la demande de Quentin Vellut le jour de l’ensilage. « Je demande un hachage à 10 mm et des grains pulvérisés, pour qu’à l’ouverture du silo, il y ait un maximum d’amidon accessible dans le rumen ». L’éleveur insiste auprès de son entrepreneur pour serrer les éclateurs à fond. « Il faut souvent redire deux ou trois fois. Ça tire plus sur l’ensileuse, je vérifie à chaque remorque tant que le résultat n’est pas là ».
En pratique le chantier dure une journée. Les silos ont été préparés à l’avance : balayage, et mise en place de bâches sur les côtés. Deux silos sont constitués en parallèle : pour homogénéiser et avoir le temps de bien tasser entre deux remorques. Tous les champs sont à moins de deux kilomètres. « On utilise trois remorques de 10-11 tonnes et trois tracteurs aux silos : deux qui poussent, un qui tasse. Pneus et tracteurs sont lavés avant le chantier. Les tracteurs pousseurs sont lestés de masses arrière de plus d’1,5 T. Celui qui tasse est lesté à l’avant et à l’arrière et ses pneus sont gonflés à 2 bars ».
Une petite journée suffit. Cette année, le chantier a commencé à 10 h et les silos étaient finis à 17h. Ils ont été couverts ensuite avec un film barrière à oxygène, une bâche et un filet tressé. « J’ajoute des boudins tout autour, puis en travers tous les deux mètres ». Plus jamais de pneus à l’Earl le petit Ramard...et depuis, pas de corps étrangers retrouvés dans la ration. « L’investissement en boudins est vite rentabilisé si on sauve une vache ! »

PLM  - Formules d'abonnement

AU CŒUR DES ÉLEVAGES LAITIERS ​​​​​​​

  • La richesse des grands reportages immersifs en élevage
  • L'exclusivité d'un réseau mondial d'éleveurs et d'experts
  • Des astuces et solutions concrètes pour chaque exploitation

Profitez d'une offre découverte 3 mois