Maïs « brins longs ». Pas d’effets sur les performances

4 décembre 2019 - Arvalis - Idele

Les essais conduits pendant l’hiver 2018-2019 à la ferme expérimentale Arvalis de La Jaillière (44) et à la ferme expérimentale des Trinottières (49) avec l’appui de l’Institut de l’Elevage n’ont pas révélé d’augmentation des performances sur les troupeaux laitiers avec des ensilages de maïs dit « brins longs ».

L’ensilage de maïs dit «brins longs» est une technique de récolte visant à obtenir une coupe longue des brins de maïs et un éclatement intense des grains. Majoritairement connue sous le nom de Shredlage, la technique est développée par plusieurs constructeurs d’ensileuses avec des configurations d’éclateurs proches (DuraShredder, XCut...). L’objectif est d’obtenir un niveau d’éclatement du grain élevé et de recouper les tiges dans le sens de la longueur. Des enjeux conséquents en termes de valorisation de la ration et de performances laitières sont affichés par les promoteurs de la technique.
Par ailleurs, sur le terrain, éleveurs ou techniciens constatent des gaspillages d’amidon jugés par la présence de particules de grains dans les bouses et c’est l’insuffisance d’éclatement qui est pointée du doigt.

L’ensilage brins longs mis à l’épreuve dans 2 stations expérimentales
Pour objectiver l’impact de l’éclatement du grain et celui de la taille des brins, deux essais de 8 semaines (précédées de 2 semaines de transition alimentaire), ont été mis en place sur les fermes expérimentales d’Arvalis à la Jaillière (44) et de la SAS Ferme expérimentale des Trinottières (49) avec l’appui de l’Idele au cours de l’hiver 2018-2019 (Projet FranceAgriMer Eclat’maïs piloté par Arvalis).

Sur chaque station, le maïs fourrage a été récolté en bandes alternées selon trois modalités: E-(éclatement faible, brins courts, éclateur classique), E+ (éclatement élevé, brins courts, éclateur classique) et SCH (éclatement élevé, brins longs, éclateur rainuré en croix).
Les réglages de la longueur de coupe et de l’écartement entre éclateurs ont été ajustés sur chaque site et chaque modalité. Ce dispositif de récolte a permis d’obtenir des maïs de composition chimique proche afin de comparer uniquement l’effet du mode de récolte. Les maïs fourrage ont été récoltés à une teneur en MS élevée (35,8 % MS aux Trinottières, 38,5 % MS à la Jaillière), stade auquel le grain contient environ 50 % d’amidon vitreux sur une génétique cornée à cornée-dentée.

Sur chaque station, les 3 lots de 20 vaches laitières ont reçu une ration complète mélangée distribuée deux fois par jour avec contrôle quotidien de l’ingestion individuelle et des performances. Le maïs a été incorporé à hauteur de 67 % ou 72 % de la ration en MS selon les sites (figure 1). La part de maïs volontairement élevée avait pour objectif d’extrémiser les effets éventuels des modalités de récolte. Les rations bâties sur chaque site sont identiques en termes de densité énergétique et protéique entre chaque lot et ont été bâties selon les critères objectifs de respect d’équilibre chimique: teneur en amidon et fibresNDF/cellulose brute dans la ration.

Une qualité de conservation équivalente avec l’ensilage brins longs
Des mises en garde sur la qualité de conservation du maïs brins longs ont été avancées par certains auteurs, notamment en lien avec un tassement plus difficile induisant une densité de silo inférieure, jusque -12% par rapport à un maïs conventionnel. Dans les conditions expérimentales de nos deux stations en silos couloir, la densité des silos a été équivalente entre les trois modalités de récolte. Les qualités de conservation ont été évaluées par analyse (pH, acides lactique, propionique, butyrique, alcools, ammoniac) et n’ont pas montré de différence significative entre modalités.

L’apport de fibres longues n’a pas eu d’effet sur les performances
Malgré la part de maïs fourrage élevée dans les rations, ces dernières ont été assez sécurisées d’un point de vue digestif avec des teneurs en amidon inférieure à 23% de la MS ingérée et en cellulose brute supérieure à 19% de la MS ingérée.

L’apport de fibres longues par le maïs fourrage n’a eu d’effet ni sur l’ingestion, ni sur les performances laitières (figure 2). La valorisation des fibres n’a pas été améliorée avec cette technique de récolte. Ces résultats sont concordants avec la bibliographie existante sur les 10 essais indépendants réalisés aux USA et en Allemagne.
Malgré l’aspect plus grossier du maïs fourrage, le tri des grosses particules (en proportion par rapport au distribué) n’a pas été augmenté avec la présentation du maïs fourrage en brins longs.

Dans le contexte des essais, maïs distribué après 6 mois de conservation, aucun effet de l’éclatement du grain sur les performances zootechniques n’a été observé. Quelle que soit la modalité, les teneurs en amidon dans les bouses ont été assez faibles (<4% de la MS).Toutefois, une meilleure digestibilité de l’amidon a été observée pour les animaux du lot E+ par rapport à ceux du lot E-(+1,2 pt à la Jaillière, + 2,8 pt aux Trinottières), sans impact sur les performances laitières.

Attention, la qualité de l’éclatement du grain reste importante, notamment dans le cas d’ouvertures précoces de silo et avec les maïs récoltés à des stades tardifs. Dans les deux essais, malgré des niveaux d’éclatement faibles du maïs E-, aucun grain n’était intact, ce qui a nécessairement favorisé l’évolution de l’amidon en fermentation et sa valorisation par les ruminants.
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