Médicament vétérinaire. Les éleveurs déconsidérés ?
Votre professionnalisme n’est pas reconnu par les ministres de l’Agriculture et de la Santé qui vous assimilent au grand public.
Le Décret qui fâche est paru le 10 juin 2015 sous le n° 2015-647. Il interdit à compter du 1er octobre 2015 « toute publicité concernant les médicaments vétérinaires prescrits sur ordonnance - y compris les vaccins, anti-parasitaires, hormones de synchronisation - à destination des personnes physiques ou morales qui ne sont pas habilitées à prescrire ou à délivrer des médicaments vétérinaires ». Les éleveurs professionnels sont donc exclus.
Les éleveurs sont pourtant « des acteurs de la santé animale », considérés d’ailleurs en tant que tel dans le plan EcoAntibio qui, dans sa mesure 31, préconise « le développement de la publicité en faveur des vaccins, en particulier auprès des détenteurs professionnels d’animaux. »
Quelles sont les conséquences de ce décret ?
L’éleveur risque d’être privé d’une information. Les médicaments font l’objet d’une Autorisation de Mise en Marché (AMM). Les publicités sont contrôlées par l’Agence Nationale du Médicament Vétérinaire. Elles sont informatives. Les caractéristiques du médicament y sont notamment mentionnées : composition, indication, contre-indications, effets indésirables, temps d’attente…
Dernier filtre, les médicaments sont délivrés sur prescription.
L’éleveur risque d’être privé d’un regard équilibré. La presse professionnelle consacrée à élevage, en l’occurrence PLM, s’est toujours engagée pour la prévention et les bonnes pratiques ; pour une information technique, rigoureuse ; pour le dialogue éleveur - vétérinaire. Les articles sont signés et les écrits restent, gage de sérieux.
Privée brutalement de certaines ressources, la presse professionnelle s’effacera pour laisser la place aux margoulins, aux gourous, au bouche à oreille ?
La santé et le bien-être animal sont des préoccupations constantes, partagées par les éleveurs et par les journalistes de la presse dédiée à l’élevage professionnel.
La presse pro se mobilise :
Un recours gracieux a été demandé le 10 octobre au Conseil d’Etat, par le Syndicat National de la Presse Agricole (SNPAR). Sans réponse à ce jour.
Aujourd’hui, cinq groupes de la presse professionnelle élevage s’unissent pour une campagne d’information et de sensibilisation, sous le titre « Censuré. »
Un nouveau recours collectif va être engagé pour demander le report de la date d’application du décret et pour que son champ d’application puisse ne pas concerner les éleveurs professionnels et la presse professionnelle qui leur est destinée.
Marc Juan, rédacteur en Chef de PLM