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Quand les chromosomes des bovins s’emmêlent...

En France, les chercheurs estiment qu’un ou deux taureaux d’IA seraient affectés par un réarrangement interchromosomique, en moyenne, chaque année. Ces anomalies génétiques impactent la fertilité et la croissance.

« Un taureau d’insémination sur 450 serait porteur d’un réarrangement interchromosomique », selon une étude récente, à l’initiative de l’Inrae et d’Eliance. Ces anomalies ont des conséquences graves, tant sur la santé que sur la fertilité des animaux touchés.

Pour la filière, le coût dépasserait « 1 million d’euros par taureau d’insémination porteur ». En France, les chercheurs estiment qu’un ou deux taureaux d’IA seraient ainsi affectés par ces anomalies génétiques, en moyenne, chaque année. Les résultats ont été publiés dans Genome Research*. L’approche utilisée est la première étape vers un dépistage généralisé.

Les données de 5 571 taureaux dans 15 races

A ce jour, aucune analyse à large échelle n’avait été menée, afin d’étudier la prévalence des réarrangements interchromosomiques, leurs origines et leurs impacts sur les animaux et la filière bovine. L’étude a porté sur 5 571 taureaux de quinze races, pour un total de plus de deux millions de descendants. Pour leurs analyses, les généticiens ont exploité 50 000 marqueurs balisant le génome de chaque descendant...

Leurs travaux ont permis d’identifier 12 réarrangements interchromosomiques, dont certains n’avaient jamais été décrits chez les bovins. La corrélation a été sans appel : 10 des taureaux porteurs étaient classés dans « les moins fertiles » de leur race et la descendance de l’un d’entre eux affichait même un taux de mortalité juvénile record avec 44 % de génisses n’ayant pas survécu au-delà d’1 an. Dans la majorité des cas, leurs descendantes ayant reçu l’anomalie révèle des retards de croissance et une fertilité dégradée, par rapport aux génisses issues du même taureau, mais ayant des chromosomes normaux.

Un réarrangement interchromosomique qu’est-ce que c’est ?

Rappelons que chez les bovins, comme chez tous les animaux, le matériel génétique est contenu dans des paires de chromosomes, dont chaque exemplaire est réparti aléatoirement lors de la formation des gamètes (spermatozoïdes ou ovocytes). Mais, au cours de ce processus, il peut arriver que du matériel génétique d’un chromosome se déplace vers un autre n’appartenant pas à la même paire, c’est ce que l’on appelle un réarrangement interchromosomique. « La fécondation avec un gamète contenant un ou plusieurs chromosomes réarrangés causera un manque ou un surplus de gènes, chez l’embryon, et aboutira dans la plupart des cas à sa mort ».

 

Pour en savoir plus : *Jourdain J. et al. Large-scale detection and characterization of interchromosomal rearrangements in normozoospermic bulls using massive genotype and phenotype data sets

Ces travaux, publiés dans Genome Research, ont été menés dans le cadre de la thèse de Jeanlin Jourdain, doctorant pour Eliance, sous la direction d’Aurélien Capitan, au sein de l’unité mixte technologique eBIS.

En photo (source Inrae) : Vue au microscope de chromosomes de vaches montrant des marqueurs d'anomalie (méthode FISH : Fluorescence in situ hybridization). Les points verts sont des molécules fluorescentes hybridées à une région spécifique du chromosome 4, les rouges sont spécifiques du chromosome 8. Le fait de retrouver, sur un même chromosome, les marques des deux couleurs sont la signature d’un mouvement d’ADN. En d’autres mots, c’est la preuve d’un réarrangement interchromosomique.

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