Syndrome de dépression de la matière grasse. Explications et leviers

En cause, certains acides gras insaturés: on en retrouve dans l’herbe de printemps, dans certains ensilages de maïs et dans les aliments extrudés. C’est l’excès qui est préjudiciable cumulé à des facteurs pré-disposants.  L’impact économique n’est pas négligeable. On parle parfois « de syndrome de dépression de la matière grasse ».

Six actions utiles, en cas de dépression de la matière grasse: 
1. Diminuer les glucides rapides, type céréales à paille.
2. Augmenter les sources de NDF digestibles, comme la pulpe de betteraves et les coques de soja. Ce sont des précurseurs d’acétiques (C2) et de butyriques (C4) dans le rumen, favorables au TB.
3. Améliorer la structure physique de la ration, plus de fibre « efficace », moins de particules fines. On entend par « efficace » des fibres avant tout digestibles.
4. Assurer un apport suffisant en potassium. Objectif : 14 à 18 g/kgMS. En dessous de 12, cela peut être problématique. Certains ensilages de maïs sont très pauvres en potasse et donc à risque. Une analyse complète renseigne bien.
5. Limiter les apports de fourrages et concentrés riches en C18 : 2 (graines oléagineuses, graines de soja, graines de coton). Tenir compte de l’herbe de printemps. Faites analyser l’ensilage de maïs en cas de doute (vérifier sa teneur en huile).
6. Maximiser la BACA par l’apport de 250 g par vache par jour de bicarbonate de sodium.

La dérive vient des acides gras insaturés
Lorsque la matière grasse baisse à la mise à l’herbe, ce n’est pas un hasard. Elle contient 40 à 45 g/kgMS d’acides gras, principalement insaturés. L’herbe d’été est moins riche. Elle s’approche des rations de type hivernales autour de 25 g/kgMS d’acides gras. L’acide gras insaturé en cause est le C18: 2. On le retrouve en grande quantité dans le lin et le colza extrudés… Il est normalement « biohydrogéné » à 80-90 % dans le rumen. C’est le moyen pour les microbes du rumen de « se défendre » face aux acides gras libres.
Mais, parfois les microbes sont mis à mal (apport d’huile, défaunation, ration acidogène…) et la bio-hydrogénation tourne court: dans le jargon des spécialistes, on parle d’un « shift ».
D’un point de vue biochimique et pour les initiés, voici ce qui se passe: 
• quand tout va bien, les C18: 2 sont bio-hydrogénés, via le 11TRANS, en C18: 0 (acides gras saturés);
• quand la bio-hydrogénation dans le rumen est mise à mal, du 10TRANS apparaît à la place du 11TRANS et la matière grasse du lait chute.

Pour en avoir le coeur net, le 10TRANS se mesure dans le lait: valeur normale 0,2 à 0,4 % des acides gras totaux. En cas de dépression de la matière grasse, le taux de 10TRANS dépasse 0,6 %.

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