Vacciner les mères, pour enrichir leur colostrum en anticorps spécifiques et mieux protéger les veaux : Fencovis, le nouveau vaccin de Boerhinger Ingelheim se positionne sur ce créneau. L’enjeu est une meilleure immunité, face au risque de diarrhées néo-natales. Plus précisément, selon l’AMM, Fencovis est indiqué pour « une immunisation active des génisses et des vaches gestantes, afin de stimuler le développement d’anticorps contre le rotavirus bovin, le coronavirus bovin et E. coli F5 ; et pour augmenter le niveau d’immunité passive des veaux contre les diarrhées néonatales » dues à ces mêmes pathogènes.
La promesse est là : il reste à donner le colostrum des mères vaccinées quand il faut et comme il faut. Le laboratoire rappelle que « la première prise doit être effectuée dès que possible, idéalement dans les 2 heures et au maximum 6 heures après la naissance ». Chez les veaux de races laitières, elle représente « un volume d’environ 10 % du poids corporel, suivi par un volume similaire dans les 12 heures ». La vaccination s’inscrit dans une démarche préventive globale, en faveur de la santé digestive du veau : gestion du colostrum, hygiène, bâtiment, alimentation des mères, surveillance...
15 à 20 % des veaux touchés par les diarrhées
L’enjeu est économique, avec d’abord des coûts (investigation, traitement) et pertes directes. Les entérites néonatales ne sont malheureusement pas rares et parfois mortelles. Comme l’explique le Dr Arnaud Bolon* : « En France, les diarrhées toucheraient 15 à 20 % des veaux et le taux de mortalité serait de 3 % en élevage allaitant et de 6 % en laitier ». Puis, sur le long terme, l’impact continue insidieusement. Des études démontrent ainsi que des bovins touchés par une entérite néonatale, lors de leur premier mois de vie, perdent en croissance et productivité après :
- GMQ réduit de 50 à 100 g/jour pendant 6 mois ;
- augmentation de l’âge au premier vêlage, « trois fois plus de risque de vêler après 30 mois » ;
- une première lactation pénalisée, « jusqu’à 126 kg de lait en moins par jour de diarrhée soignée ».
Injection unique, 12 à 3 semaines avant vêlage
En pratique, la vaccination avec Fencovis consiste en une injection unique de 2 ml, entre 12 et 3 semaines avant la mise bas, par voie intramusculaire. « Afin d’atteindre des résultats optimaux et de réduire la pression infectieuse, la vaccination de la totalité du troupeau de vaches est recommandée ». Boehringer Ingelheim précise que le vaccin « combine des adjuvants non huileux et des antigènes inactivés, afin d’offrir une efficacité et une innocuité élevées, tant en laboratoire que sur le terrain », une sécurité accrue notamment pour l’utilisateur en cas d’auto-injection accidentelle. Fencovis est proposé en flacons de 5 ou 25 doses, également en boîte de dix fois 1 dose.
Prévention démontrée, contre les diarrhées à E. coli et rotavirus
PLM : Fencovis prend le relais de Trivacton et Imocolibov. Quels avantages en faveur du nouveau vaccin ?
Dr Arnaud Bolon* : Ces vaccins sont tous utilisés chez les vaches gestantes contre les entérites néonatales dues à la bactérie Escherichia coli, aux virus bovins rotavirus et coronavirus. Les anciens connaissaient des difficultés de fabrication avec des souches qui n’ont plus les propriétés requises pour assurer une production homogène. L’une des plus-values du Fencovis sera un approvisionnement plus régulier. De même, l’ancien protocole en 2 injections a été remplacé par une unique injection, afin de faciliter l’organisation et le travail des éleveurs. Enfin, l’efficacité a été améliorée. Alors que les anciens n’avaient démontré qu’une simple immunisation, ce nouveau vaccin a une indication « prévention » c’est-à-dire l’absence complète de maladie due à Escherichia coli ou rotavirus, chez les veaux ayant bu le colostrum de vaches vaccinées, ainsi qu’une réduction des diarrhées dues au coronavirus.
*Le Dr Arnaud Bolon est responsable technique ruminants France, Boehringer Ingelheim