Pieds des bovins

L’observatoire des « Supers Panaris » attend votre témoignage

Cet observatoire est accessible à tous, en ligne depuis le 1er février 2023. Pendant une année, chacun pourra y renseigner, en quelques clics, les cas observés. Mais, au fait, c'est quoi un "super panaris" ?

« Si vous observez un cas de super panaris, merci de nous en informer ! ». L’appel est lancé. Il s’adresse à toutes les personnes sur le terrain, éleveurs, pareurs et vétérinaires, au contact des bovins, en étable ou en pâture, susceptibles d’observer ces formes inhabituelles de panaris, peu fréquentes a priori, mais qui interpellent pour plusieurs raisons. Ces super panaris sont souvent graves. On ne sait pas toujours les soigner. Et, les chercheurs manquent de données...

Mais, cela pourrait changer, grâce à la mobilisation de tous et grâce à « l’Observatoire National des Supers Panaris », accessible, en ligne, depuis le 1er février 2023. Pendant une année, chacun pourra y renseigner, en quelques clics, les cas avérés.

Un super panaris, c’est quoi ?

Le « super panaris » est un panaris (appelé aussi phlegmon interdigital) et donc une lésion infectieuse du pied caractéristique : l’apparition d’un panaris est souvent brutale ; l’infection touche les tissus profonds ; elle est marquée par un gonflement symétrique du pieds au dessus des onglons, de la douleur et une boiterie. Ce n’est pas anodin. Mais, dans le cas d’un « super panaris », cela se complique encore.

Ainsi, le « super panaris » a été décrit, pour la première fois, en 1993 en Angleterre, puis aux États-Unis et dans divers pays européens, pour désigner des panaris paraissant inhabituels : un super panaris, cela peut être un panaris de forme suraiguë sévère (voir photo) ; cela peut-être une forme incurable médicalement ; ou encore une forme épidémique, avec une série de cas en quelques jours à quelques semaines. Parfois, tout cela combiné, au sein d’un même troupeau.

Comme l’écrit le Dr Anne Relun* : « Le terme « super panaris » est ainsi actuellement plutôt employé pour décrire une forme sévère d‘évolution très rapide (suraiguë, atteinte des tissus profonds en 48 à 72 h), dont la rapidité d’évolution met souvent en échec les tentatives de traitement et qui, dans certains troupeaux, peut prendre une forme épidémique. » A ne pas confondre avec des lésions de dermatite digitale et des lésions d’arthrite inter-phalangienne…

Docteur, est-ce que c’est grave ?

Les vétérinaires sauront aider. Eux-mêmes ont déjà été interrogés, sur les super panaris, par le GTV Bretagne. Sur les 20 praticiens qui ont répondu au sondage, 11 se sont souvenus avoir diagnostiqués des cas, en l’occurrence associés à de la morbidité souvent et à de la mortalité parfois. Autrement dit, le risque de perdre un onglon ou la vache, à cause d’un super panaris, n’est pas à écarter.

Dans l’Est de la France, cette fois, le Dr Catherine Lutz témoigne* : « J’observe, en moyenne, un cas de la forme épidémique, tous les deux ans. Mais, la fréquence semble augmenter : en 2020, j’ai souvenir de deux troupeaux atteints, puis en 2021 d’un autre élevage aussi. Quant à la forme incurable médicalement, je l’observe environ deux fois par an. La forme suraiguë sévère est plus rare pour l’instant, dans ma clientèle, et je m’en réjouis. »

Quelles sont les mesures à prendre ?

D’abord pas de panique. Il y a de grandes chances que vous n’observiez pas de super panaris, chez vous. Ensuite, « la rapidité de mise en place d’un traitement antibiotique, par voie parentérale, semble être la clé de réussite » souligne le Dr Anne Relun, sauf cas, pour l’heure, incurables.

Ensuite, jouez la prévention. En attendant des données plus spécifiques, les conseils habituels et de bon sens s’appliquent : détecter, isoler et traiter dès que possible le ou les animaux atteints ; assurer un sol propre, sec et non traumatisant ; veiller au bon entretien des pédiluves... Tout en sachant que des cas sont survenus dans des élevages très bien tenus. Les auteurs ajoutent : « La maîtrise de l’alimentation, notamment la prévention de l’acidose ruminale subaiguë, et le contrôle de la dermatite digitale dans le troupeau pourraient également limiter l’apparition de ces cas, même si le rôle de ces facteurs reste incertain pour le moment ».

Enfin, ayez le bon réflexe : « Si vous observez un cas de super panaris, merci de l’enregistrer dans l’observatoire »**. Des questions simples vous seront demandées. Puis, les données collectées serviront de base, au groupe de travail « Boiteries chez les bovins », piloté par l’Institut de l’Élevage, « afin de faciliter le lancement de programmes de recherches ciblées ». Quelle est l’origine des supers panaris ? Sont-ils plus présents qu’on ne le pense ? Comment les contrôler ? Une thèse vétérinaire est déjà lancée.

MJ

En savoir plus : L’Observatoire est en ligne depuis le 1er février. Pour renseigner un cas, l’Observatoire National des Supers Panaris est accessible via un lien proposé sur le site Internet « boiterie des bovins », ainsi que sur les sites de l’Inrae (UMR BIOEPAR) et de l’Institut de l’Elevage.

En photo : Un cas de super panaris. En effet, dans ce troupeau, 27 vaches sur 135 ont été atteintes en deux mois avec des chutes d’onglons sur cinq d’entre elles (forme épidémique). Photo Dr Olivier Fortineau.

En savoir plus : *Anne Relun est vétérinaire, enseignante - chercheur en médecine bovine (Inrae, Oniris). Ses propos ainsi que ceux du Dr Catherine Lutz sont extraits de l’article : « Le super panaris : définition, origine et prise en charge. Regards croisés entre données de la littérature et observations du terrain », coécrit avec leurs confrères Raphaël Guatteo et Olivier Fortineau, paru dans Le Bulletin des GTV, n°104, décembre 2021.

** Partenaires du projet : ANPB, Cfppa le Rheu, La Coopération Agricole, Eliance, ENVF, GDS France, GTV, Idele, Inrae, M.D Formation, Races de France, UMT eBIS.

 

 

 

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